UNIVERSITE LUMIERE LYON II
INSTITUT DE PSYCHOLOGIE
DESS de PSYCHOLOGIE ET PSYCHOPATHOLOGIE CLINIQUE
2003 – 2004
CRISE FROIDE ET CROISSSANTS CHAUDS :
LES STAGIARES COMME PORTE-PAROLE DU CONFLIT EPISTEMIQUE INSTITUTIONNEL.
Présenté par :
Antoine NAVALON
N°: 9426458
60, rue Vaillant couturier
69200 VENISSIEUX
04 78 09 21 29
Sommaire
Avant-propos 1
Introduction 2
I / L'art et la manière, citation passé 4
1. Présentation historique de la pédopsychiatrie 4
2. La pédopsychiatrie lyonnaise 8
Explorateur stagiaire 10
? L'intermédiaire du temps mythique 12
II / D'une transmission en attente au passage impossible, histoire sans fin 13
1. Conseil et chef de service 14
2. Nicolas, Ritaline et les autres… 16
3. Les croissants de noël, situations présentes 18
? Le temps chronologique la FERME (au 502) 19
III / Du temps inconscient qui tend « stagiaire » 20
1. Du conflit épistémique 21
2. Du stagiaire « bouc émissaire » au porte parole 23
Conclusion 25
Bibliographie 27
Annexes 28
Avant-propos
Ce stage à "neuro" comme il m'est présenté lors de la journée d'attribution des stages sera mon premier terrain de stage (de psychiatrie ?) en clinique infantile. Cette interrogation sur la référence psychiatrique ou non de l'unité 502 n'est pas anodine, je le découvrirai plus tard, même si elle vient aussi, souligner la particularité de cette année de DESS.
En effet, outre la difficulté exceptionnelle pour cette année à attribuer deux stages à tous les étudiants, 2003/2004 marque le passage vers la nouvelle réforme universitaire (L,M,D). Paradoxalement, cette insécurité institutionnelle, changement de salle pour la promotion DESS, changements d'horaires avec le passage aux cours d'une heure quinze, distribution et contact entre l'université et les lieux de stages quelque peu "chaotiques" ; toute cette réorganisation à pour effet de me rassurer en relativisant cette image idéale que j'entretenais avec l'enseignement universitaire "classique" depuis mon parcours en FPP. Cela vient confirmer une articulation toujours difficile, certes, entre le monde du travail et celui de la formation, mais dans une différence de moins en moins extrême entre la connaissance théorique et la pratique professionnelle. Est-ce alors la marque d'une volonté institutionnelle venant par-là, affirmer la position d'une clinique institutionnelle lyonnaise de ce DESS ?
Mes premiers contacts avec l'hôpital se font d'abord par téléphone. Quelques échanges furtifs avec une infirmière me font percevoir, à distance, les arcannes institutionnelles, le labyrinthe de la communication ou encore le poids de la hiérarchie qui entrave l'accès à la simplicité. Une dizaine de jours se passeront avant de ne pouvoir rencontrer mon maître de stage. Cette rencontre humaine me soulage enfin.
Rapidement, dans ce dédale de couloirs, de portes et de personnel "blousé" de blancs, je retrouve l'univers et l'atmosphère hospitalière auparavant si longuement fréquentée lors de ma pratique d'éducateur spécialisé en pédopsychiatrie. Plus encore, au sein de l'hôpital général, l'on ressent le poids et le mouvement de cette machine (ce monstre) institutionnelle, que déjà, me voilà ouvrier au cœur de la fourmilière et rapidement happé par la multitude de travail de rencontres, d'observations, d‘analyses et de diagnostiques sur la souffrance des enfants qui s'y expose.
Heureusement, ma pratique et ma place de psychologue stagiaire me protègent, à mes débuts, de cet activisme thérapeutique que l'on confondrait volontiers avec un certain « professionnalisme médical ». À mes débuts et chaque jour, lorsque j'explorais en sillonnant cet univers thérapeutique, me revenait en tête, comme un écran de pensée ce leitmotiv insolite et intuitif, d'une phrase de J. Bergeret « […]en médecine, le but est plutôt de supprimer le symptôme, sa cause[…]alors qu'en psychanalyse on va tenter de lui donner sens (pour ne pas dire naissance)».
Introduction
C'est à la suite d'un premier travail sur l'étude du diagnostic clinique de Nicolas que je peux, loin de l'unité 502, me mettre à nouveau à l'écriture. Cette réflexion sur l'institution m'apparaissait inenvisageable, tant que ne s'opérait pas une distance physique du groupe. Parce qu'étant pris dans le rythme institutionnel qui concourait à pratiquer à s'affairer, je ne pouvais penser, tout du moins le groupe. Est-ce la clinique groupale qui exige plus encore que la clinique individuelle cette distanciation exigible à la pensée ou bien était-ce alors ma position de psychologue stagiaire, propice et plus réceptif pour ne pas dire comme « réceptacle » à l'attente institutionnelle, qui ne m'autorisait pas l'accès à l'écrit ?
Quoi qu'il en fut, pour ce qu'il m'était possible d'observer du fonctionnement institutionnel de l'unité 502 au cours d'un stage de quatre mois et demi, l'écriture de cette clinique respecte l'esprit de Pierre Fédida (1985) lorsqu'il écrit que « L'écriture est ce qui est le plus proche de la mémoire de l'entendu ». De plus, c'est à partir de mon premier écrit diagnostic qu'en écrivant, en silence ma pensée se mettait à tisser les liens d'une clinique institutionnelle sans cesse rattachée à mon implication autant groupale depuis mon engagement auprès de l'équipe qu'individuelle, entre autre avec Nicolas.
Rappelons-nous, il y a au 502 quelques modifications conséquentes de fait, car non « officialisable » peut être parce que non « entendable », sur la pratique médicale qui entraîne indéniablement des souffrances institutionnelles béantes tant que demeurent impensables donc innommables et « inélaborable», la reconnaissance d'un appareil à penser individuel avant que d'être groupale.
En effet, nous verrons qu'un changement de chef de service, même si celui-ci est en poste depuis plusieurs années, modifie et perturbe la vie institutionnelle du groupe de soignants et fabrique à partir de ce vide, de cette absence de parole, une certaine tension au sein de l'appareil psychique groupal. L'on repère cette tension lorsqu'elle ne trouve pas un moyen adéquat de décharge malgré on le verra, l'affairisme du service, le professionnalisme ou encore la créativité artistique. C'est ainsi que s'installe et se déploie comme l'écrit J. Guillaumin (1979), une situation psychologique de « crise » dans le sens où toute crise est crise épistémique, c'est-à-dire surgissant dans et à propos d'une difficulté de penser. On pourrait parler alors de « crise froide » lorsque l'unité se trouve au cœur historique d'une tentative de transition épistémique, exprimé autour de ce changement de médecin-chef de service. Crise où la passation semble ne pas pouvoir se faire en respectant l'Histoire du service.
Pour présenter mon travail, je partirai d'abord d'une citation déposée subrepticement en fin de dossier clinique. Et qui revient après avoir emprunté les chicanes de la pensée en écho à deux situations institutionnelles que j'expose et « perlabore » par l'acte d'écriture. La perlaboration doit être entendue au sens où Kaës en parle, comme ce qui travaille de la psyché de l'un dans celle de l'autre.
Nous ne pouvons penser notre rapport à l'institution « hors de l'expérience affolante de sa faillite » écrit-il (1988). Il s'agit alors grâce au travail d'écriture et de perlaboration, de ne pas se perdre dans l'expression de cette souffrance ex-posée. Pour cela, j'utiliserais pour introduire mon propos dans une immersion groupale, les notions de temps différentiées et repérées par Eiguer (1983). Justement parce qu'au 502, le temps nous manque, parce que sans cesse il nous faut faire, refaire et s'affairer à des bilans ou encore à recevoir les plaintes et la souffrance des enfants, le temps viendrait à nous manquer à prendre le temps de l'écoute. Enfin parce que ce temps nous est compté, nous est privé, peut être pour ne pas avoir à penser l'institution ? Ainsi, à partir de ce dont j'ai pu être dépositaire de l'histoire de la pédopsychiatrie lyonnaise une première partie (depuis une citation), je présenterai un modèle de fonctionnement groupal qui correspondrait au temps mythique de l'institution.
Le deuxième temps chronologique, s'expose (depuis deux situations) comme autre pôle repéré dans le fonctionnement groupal et qui correspond, à mon sens, à l'espace de liberté que chaque membre du groupe se détermine individuellement, selon le registre hystérique, dans son rapport au groupe en réponse à sa proposition séductrice.
Dans une troisième partie, de ma place de psychologue stagiaire clinicien que je tenterai une hypothèse de lecture groupale de la crise institutionnelle décrite auparavant. Pour avancer qu'en l'absence d'un espace institutionnel autorisé et légitimé le psychologue clinicien a été investi, dans sa position « hors hiérarchie » comme lieu de réceptacle, de « dépôt », ou encore de « débarras » R.Roussillon (1988) représentant la place du « bouc émissaire » et constituant le mouvement fondateur de l'institutionnalisation au 502. Sa position aujourd'hui a été rejointe et est en passe de glisser sur celle des stagiaires (neuro)psychologues. Stagiaires nombreux et actifs, sollicités par le nouveau chef de service pour asseoir discrètement une place de « porte-parole » selon l'idée de P. Aulagnier (1975).
Conclure est d'avantage complexe car le temps ne s'arrêtant pas, la difficulté consiste alors et toujours, à se séparer. Sans trop d'éclat inutilement perturbateur, ni trop de discrétion qui viendrait effacer les traces fragiles de l'inscription. Mais sommes nous suffisamment juste dans cet exercice clinique ?
Je proposerai, comme me le suggérait Nicolas (la clinique), un « au revoir » sans autre artifice de mon engagement dans la parole et respectant l'histoire me précédant au 502, ces quelques bonbons pour les enfants et chocolats à partager en (réunion de) synthèse…
Bibliographie
Aulagnier P.,1975, La violence de l'interprétation. Du pictogramme à l'énoncé, Paris, Puf, 1991, 363p.
Eiguer a. , 1993, “ La construction de la temporalité dans le groupe familial”, in Bulletin de psychologie, XXXVI, n° 360 , pp. 647-656.
Graber J.L., 1989, Colloque « psychose infantile », 14&15 décembre 1989, centre culturel de Villeurbanne.
Guillaumin J.,1979, “ sur les crises”, in Crise, rupture et dépassement , Paris, Dunod, pp . 220-254.
Kaës R.,1988, “Réalité psychique et souffrance dans les institutions”, in L'institution et les institutions , Paris, Dunod, pp . 1-46.
Kaës R.,1993, Le groupe et le sujet du groupe, Paris, Dunod, 231p.
Pinel J.P., 1996, “La déliaison pathologique des liens institutionnels”, in Souffrance et psychopathologie des liens institutionnels , Paris, Dunod, pp . 49-79.
Zarifian E., 1996 . le prix du bien-être, Paris, Odile Jacob,
Zarifian E , 1999, la force de guérir, Paris, Odile Jacob,
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