Ambre Boutbel

N° étudiant : 20404864

Transexualisme feminin et masculin au dela des apparences

Directeur de recherche :

M. Alain Abelhauser Mémoire de Maîtrise

Second jury de Psychologie

Mme Nathalie Charraud Juin 2004

« L’habit ne fait pas le moine »¹, mais il y contribue pour certains ; car, pour ces derniers, ce qui importe, c’est que « les choses ne sont point ce qu’elles sont, mais ce qu’elles paraissent être »². « Le mensonge (l’apparence)³ ne serait pas (l’être)⁴, si quelque vérité ne le (la)⁵ rendait spécieux(se)⁶»⁷.

Cependant, « bien des erreurs sont nées d’une vérité dont on abuse (inconsciemment)⁸ »⁹.

Si « l’erreur ( commune)¹⁰ est la règle, la vérité ( transsexuelle)¹¹ … l’accident de l’erreur »¹², alors, « Les rivières les plus profondes sont (bien)¹³ les plus silencieuses »¹⁴, et « ce qu’il (nous)¹⁵ faut chercher à connaître, c’est le fond du panier »¹⁶.

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION p. 6

UNE QUESTION DE SEXE p. 8

A. Les théories freudiennes sur la sexualité p. 8

A.1. La bissexualité p. 8

A.2. La sexualité infantile selon Freud p. 9

A.2.1. La sexualité masculine chez le garçon p. 10

A.2.2. La sexualité féminine chez la petite fille p. 11

A.2.3. L’identification au trait unaire p. 13

B. L’identité sexuelle comme identité de genre p. 15

C. Lacan et la sexualité p. 17

C.1. Le complexe d’Oedipe revisité par J. Lacan p. 17

C.3.2. Le Phallus p. 19

C.3.3. La sexuation p. 22

C.3.2.1. Logiques propositionnelles p. 24

C.3.2.2. Effets de cette conception p. 25

C.3.2.3. Deux modes d’inscription sous la fonction phallique p. 25

1. DU TRANSSEXUALISME ET DE SES SUPPOSÉS p. 31

1. Histoire p. 31

B. Le concept transsexuel p. 32

B.1. DSM-IV p. 32

B.2. Stoller et la « dysphorie sexuelle » p. 33

B.3. Une perversion ? p. 36

B.4. Une psychose p. 36

C. La croyance du transsexuel p. 39

C.1. Ce que cache cette croyance p. 39

C.2. L’identification sexuelle ou l’identité sexuelle p. 41

C.3. La position sexuée ou identité sexuée p. 41

C.4. Le parêtre ou l’être fait apparence p. 42

D. Discours médical : parcours pour un autre corps p. 43

ou une « collégiale » dans la folie

E. Le Droit et l’inconscient « religieux » p. 46

F. Un inconscient « social » p. 52

III. TRANSSEXUALISME ET SEXUATION p. 56

1. Les trois temps de la sexuation p. 56

A.1. Le premier temps p. 56

A.2. Le deuxième temps p. 56

A.3. Temps trois ou choix du sexe et notion d’appartenance p. 58

A.3.1. Notion d’appartenance et de troisième sexe et transsexualisme p. 58

A.3.2. le troisième temps et transsexualisme p. 59 A.3.2.1. Le choix du transsexuel p. 60

A.3.2.2. Le choix de la transsexuelle p. 61

B. Études de cas p. 62

B.1. Cas clinique : Victor, transsexuelle p. 62

B.1.1. Identification imaginaire  p. 64

B.1.2. Psychose p. 65

B.1.3 Le trauma au sens psychanalytique et freudien du terme : p. 67

B.1.4. Le rapport au phallus p. 68

B.1.5. Rapports aux femmes p. 69

B.2. Cas clinique : Le médecin hongrois patient de Krafft-Ebbing p. 71

B.2.1. Rapport au père et aux hommes p. 74

B.2.2. Le miroir féminin p. 75

B.2.3. Rapport à la mère et rapport au phallus p. 76

B.2.4. Le trauma p. 77

B.2.5. Rapport à la jouissance p. 78

B.2.6. La psychose p. 80

2. CONCLUSION p. 83

BIBLIOGRAPHIE p. 87

INTRODUCTION

Si l’homme est un mystère pour la femme, l’inverse reste encore plus vrai. Peut-être parce qu’elle a été pendant des siècles, une inconnue diabolisée : l’individu semble avoir une certaine propension à aller vers ce qui l’interpelle même si cela est étiqueté comme dangereux. Ce n’est pas tant le danger qu’il recherche que cette excitation qui l’aiguise obsessionnellement parfois. Celle-ci lui procure une certaine jouissance ( qui peut être agréable ou pénible): la passion tourmentée du ténébreux diacre de la Cathédrale de Notre-Dame de Paris pour la belle Esméralda en donne une belle démonstration. Car enfin c’est bien ce qui auréole l’objet de mystère tel un « phallophore » qui entraîne les moins frileux à vouloir savoir…ce qu’il en est de la femme. On oublie bien souvent que la femme aussi se pose la même question : qu’est-ce que l’homme ? Sous quel mode, il fonctionne quant au choix qu’il fait face à sa future partenaire ? La considère t-il comme un objet qui le satisfait sur le moment  ; un sujet, à savoir un autre que lui-même, un alter ego ?; ou bien vise t-il un « idéal féminin » auquel cas, c’est nous semble t-il, courir après une chimère qui n’existe que dans son imaginaire. L’inverse est vrai également. Comment déterminer qu’un sujet est masculin ou féminin ? Qu’en est-il de son choix d’appartenance à l’ensemble des hommes ou à celui des femmes ? Freud s’est penché sur la question de la sexualité dans ses travaux sur l’hystérie. Comment détermine t-il la construction de la sexualité ? Le sexuel est-il réductible au génital ? Qu’est-ce qui sous-tend son élaboration ? Et puis l’anatomie, « l’identité de genre » et les identifications suffisent-elles à cerner clairement le sens du choix d’un sujet « normal » face à son identité sexuée ? Ce sont des questions que nous essaierons d’éclaircir au cours de notre première partie.

Dans le champs transsexuel, ce questionnement met en relief la problématique de l’identité sexuelle chez le sujet transsexuel masculin ou féminin. En effet, si la question se pose pour un sujet qui ne remet pas drastiquement en cause le signifiant phallique, elle devient ardue et les réponses complexes quand nous avons affaire à certaines identités sexuelles notamment celle des transsexuels, dont l’ambiguïté se situe au plus haut degré. Et c’est sans compter les disparités existantes entre les transsexuels mâles vers féminin et les transsexuelles femelles vers masculins. En effet pour entrer en la matière, l’objet de notre seconde partie portera sur les divers supposés relatifs le transsexualisme quant à sa définition. Nous nous pencherons également sur les discours médicaux, juridiques et sociaux qui en disent long sur leurs implications face au transsexualisme. Quel est le bénéfice secondaire des médecins qui adhèrent à la logique transsexuelle ? Comment se fait-il que des magistrats continuent pour certains à refuser de valider le changement de sexe des transsexuels sur l’état civil, après que la transformation corporelle est été réalisée ? nous avons peu d’échos sur la réaction sociale. Qu’en est-il au juste et comment expliquer cette discrimination dont parlent les transsexuels sur le plan social ? Comment expliquer que les transsexuels masculins sont traités différemment que leur homologues féminins ?

Par ailleurs, nous nous interrogerons sur l’enjeu de cette croyance indéracinable et de cette réelle demande transsexuelle présente chez le sujet transsexuel homme et femme, dans l’économie psychique du sujet, ce qu’elle révèle et rappelle du point de vue de la structure psychotique ; nous verrons que cette certitude voile l’amalgame transsexuel entre l’anatomie et le signifiant phallique et la confusion, où l’être et le paraître ne font plus qu’un, pour devenir « parêtre ». Nous nous questionnerons sur les modes de fonctionnement que chacun, à sa manière, met en marche pour réussir à obtenir « sa véritable identité ». Nous nous appuierons sur les conceptions psychanalytiques lacaniennes pour le démontrer.

Dans une troisième partie, nous aborderons, le rapport que les transsexuels des deux bords établissent avec le signifiant phallique et surtout la position qu’ils occupent en lien avec leur choix sexué. Pour ce faire, nous nous intéresserons sur deux cas de transsexualisme masculin et féminin relevés dans la littérature psychanalytique afin de comprendre ce qu’il en est exactement de leur sexuation, les implications de leur choix sexué, et ce que cela dévoile.

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