Institut d’Enseignement à Distance de l’Université Paris 8
et
Centre National d’Enseignement à Distance
Travail de recherche en licence de psychologie
Mesure des effets d'une récompense et de la rédaction préalable d'un texte pro-attitudinel sur la nature et la présence d'indices langagiers de surface, reflets d’états de dissonance induits au cours de la production d'un texte contre-attitudinel.
I - Présentation théorique 4
1. La consistance cognitive 4
2 – Deux théories de la consistance cognitive 5
2.1. La théorie de l'équilibre (F. Heider, 1958) 5
2.2 La théorie de la dissonance cognitive (Festinger) 6
2.3 Comment l’on réduit la dissonance 7
2.4. L’expérience princeps de Festinger et Carlsmith (1959) 7
2.5.Prolongements et généralisation de la théorie de la dissonance 9
2.6. Nouvelles interprétations de la théorie de la dissonance 10
3 – Approche pragmatique des discours produits en situation de dissonance. 12
3.1. Bases théoriques 12
3.2. Les indices langagiers 15
II - Méthodologie expérimentale 16
1 - Présentation des hypothèses 17
1.1 Première hypothèse (H1) 17
1.2 Deuxième hypothèse (H2) 17
1.3 Troisième hypothèse (H3) 17
1.4. Quatrième hypothèse (H4) 18
2 - Déroulement expérimental 18
2.1 Indices langagiers 18
2.2 Les variables retenues 18
Variables indépendantes 19
Déroulement de l'expérience 19
Présentation des plans d'analyse 19
On voit qu’on ne considère que les groupes C et D, avec 4 sous-groupes Cpro et Ccontre et Dpro et Dcontre. 21
III - Exploitation des relevés statistiques 22
1. Relevé des fréquences et des moyennes 22
Fréquence des indices C1 de prise en charge 23
Fréquence des indices C2 de prise en charge 24
Fréquence des indices C3 de prise en charge 26
2. Tableau récapitulatif 28
Hypothèse H1 28
Hypothèse H2 30
Hypothèse H3 31
Hypothèse H4 32
Conclusion 33
Bibliographie 36
Annexes 37
Lorsque l’on accomplit un acte discordant avec ses croyances, on peut éprouver un malaise : la dissonance exprime ce malaise. Cette dissonance varie-t-elle lorsque le sujet reçoit une récompense, ou est-ce indifférent ? Par ailleurs, sommes-nous plus à l’aise ou moins à l’aise lorsque nous avons d’abord manifesté « publiquement » quelles étaient nos croyances juste avant de dire le contraire ?
Nous reprendrons ces questions dans le cadre d’une expérience menée auprès d’étudiants en psychologie à propos du thème de l’écologie. Ces questions seront alors traduites de la façon suivante : lorsque l’on écrit un texte qui défend des opinions contraires à celles qu’on estime être les siennes, s’exprime-t-on différemment si l’on a reçu auparavant une récompense ? Et si l’on a au préalable exprimé ses véritables opinions dans un autre texte ? En effet, nous poserons l’hypothèse que l’on peut repérer les traces d’une éventuelle dissonance dans le discours, grâce à des indices de surface produits au cours du discours. Le relevé de ces indices est effectué à partir du matériel écrit produit au cours de l’expérience dont les conditions de réalisation sont présentées en seconde partie de ce mémoire.
Dans ce mémoire nous nous proposons donc de mesurer l'effet d'une récompense et de la production d'un texte pro-attitudinel (qui exprime les opinions réelles du sujet) sur la nature et le nombre de certains indices de surface (langagiers) présents dans un texte contre-attitudinel (où le sujet exprime des opinions contraires aux siennes propres). On cernera ainsi la façon dont les sujets tentent de réduire la dissonance cognitive dans leur discours.
L’étude concerne donc les indices de surface produits au cours du discours. Ces indices permettent de mesurer l’attitude du sujet vis-à-vis de son propre discours. On peut les voir comme des traces de l’attitude du locuteur au moment où il a écrit son texte.
Nous utiliserons à la fois à des concepts de psychologie sociale, de linguistique (pragmatique), et l’outil statistique, avec lequel nous ferons essentiellement des analyses de variance (mesures de dispersion).
Trois parties composent ce rapport :
Une brève présentation des théories sur lesquelles l’expérience s’appuie : théories de la consistance cognitive, parmi lesquelles celle de la dissonance cognitive (Festinger) et de l’équilibre (Heider), les prolongements théoriques d’autres auteurs, comme Brehm, Kiesler et Bem, enfin de nouvelles interprétations, celles de Poitou et de Beauvois et Joule (1981). Nous présenterons ensuite des éléments de pragmatique, que nous utiliserons pour l’analyse des discours produits au cours de l’expérience : nous rappellerons la théorie des actes de langage (Austin), de l’énonciation (Benveniste), de la pertinence (Sperber et Wilson) ainsi que la théorie polyphonique de Ducrot.
Nous présenterons les conditions de l’expérimentation, les résultats statistiques qui en découlent.
Nous analyserons les résultats qui en découlent afin d’engager une discussion et de conclure sur les prolongements envisageables de cette expérience.
Mise en perspective
Les théories de la consistance cognitive sont nées en opposition au courant de pensée du béhaviorisme, ou comportementalisme, qui n’expliquait le comportement qu’en termes de stimulus-réponse, sans accorder de place « scientifique » aux états intérieurs des individus. Au sein de la psychologie sociale, avec l’interactionnisme symbolique des sociologues Znaniecki et Thomas (entre 1910 et 1920), puis avec le concept d’attitude, avec notamment Gordon Allport (1935) puis Carl Hovland (1953) - et le changement d’attitude, s’est peu à peu fait une place l’idée que l’on pouvait aussi s’intéresser aux états internes des individus : aux stimuli subjectifs. Plus tard, d’autres psychologues se sont penchés sur la connaissance que les individus ont de leurs états internes, de leurs attitudes : ce sera le début du cognitivisme.
Un autre courant a également joué un rôle important : celui des gestaltistes, les théoriciens de la forme. Né au début du siècle en Allemagne, inspiré par la phénoménologie de Husserl, nourri par la philosophie de Merleau-Ponty, ce courant est notamment représenté par Koffka, Köhler et Wertheimer, psychologues américains d’origine allemande. Les gestaltistes développent l’idée que la structure des faits psychiques prime sur les éléments qui la composent : le tout prévaut sur les parties. C’est donc une tendance « holiste » (du grec holos qui signifie le tout).
Ces deux courants ont permis aux théories de la consistance cognitive d’émerger : on pouvait désormais s’intéresser aux connaissances que les individus ont de leurs propres attitudes, comportements, opinions, et ces connaissances formaient une structure, un tout, et ce tout pouvait changer en fonction de la variation d’un élément : d’une connaissance – d’une cognition.
Valérie JOUBERT Licence de Psychologie - 1640
1-383-23-0432-3 - Juin 2002 Devoir 1 : Travail de recherche
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