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Andgélina Andrieux



Introduction


Depuis l’article fondateur de Léo Kanner en 1943, l’autisme n’a cessé d’être réévalué dans le souci d’en préciser sa définition, de cerner les symptômes et d’en affiner le diagnostic. Depuis ces trente dernières années, l’intérêt pour cette pathologie s’est accru provoquant ainsi de nombreuses recherches controversées.

En ce sens nous nous intéresserons à l’historique et à l’état actuel des connaissances sur l’autisme infantile.

Dans une première partie nous nous efforcerons de rendre compte de l’évolution de sa conception puis, dans une deuxième partie nous étudierons les outils de dépistage et de diagnostique de l’autisme et enfin, nous développerons les approches des différents domaines : cognitif, psychanalytique, neurophysiologique…




I . Origine du mot et définitions successives du concept d’autisme

A. Origine du mot « autisme »

Le terme autisme est dérivé du grec « autos » qui signifie « soi-même ».

Il fût employé la première fois en 1911 par le psychiatre suisse Eugen Bleuler dans son article intitulé « Dementia preacox oder Gruppe der Scizophrenien » (« Démence précoce ou le groupe des schizophrènes ») pour décrire dans la schizophrénie adulte le trouble caractéristique qui « intéresse la relation de la vie intérieure au monde extérieur, c’est à dire l’évasion de la réalité et en même temps la prédominance absolue ou relative de la vie intérieure » qui rend difficile ou impossible toute communication avec l’autre.

Plus tard, d’autres auteurs décriront l’autisme comme un trouble non spécifique de la schizophrénie adulte et le considèreront ainsi comme une pathologie à part entière.


B. Evolution de la définition de l’autisme


1. L’autisme de Kanner


C’est dans cette acceptation plus précise que le psychiatre américain Léo Kanner dans son article original intitulé « Autistic disturbances of affective contact» (« Troubles autistiques du contact affectif ») décrivit pour la première fois en 1943 sous le terme d’ « autisme infantile précoce » le cas clinique de onze enfants âgés de deux ans et demi à huit ans.

Kanner insiste sur la spécificité de ce symptôme et a le souci d’en faire un syndrome clinique à part entière spécifiant que son mode d’apparition et son évolution sont radicalement distincts de ceux de la schizophrénie. En effet il dit que « ce n’est pas comme dans la schizophrénie adulte ou infantile un commencement à partir d’une relation initiale présente, ce n’est pas un retrait de la participation à l’existence d’autrefois. Il y a, depuis le départ, une extrême solitude de l’autiste qui, toutes les fois que cela est possible, dédaigne, ignore, exclut tout de qui vient de l’extérieur ». Pour lui sont appelés « autistes » : « les enfants qui ont une inaptitude à établir des relations normales avec autrui et à réagir normalement aux situations ».

Dans son article Kanner insiste sur plusieurs signes cliniques spécifiques de l’autisme :


  • Un début extrêmement précoce des troubles (Kanner considérait au départ le trouble comme inné).


  • Un isolement extrême (« aloneness ») encore appelé retrait autistique marqué par une attitude de profonde indifférence et un désintérêt total vis à vis des personnes et des objets extérieurs. L’enfant est insensible à l’entourage ,indifférent aux sollicitations ; l’enfant refuse tout contact et l’évite, un contact forcé est vécu comme une intrusion et provoque des crises qui sont des réactions d’angoisse avec impulsions violentes et parfois même automutilation.


  • Un besoin impérieux de maintenir l’immuabilité de leur environnement matériel (« sameness ») : Kanner souligne le fait que ces enfants possèdent une remarquable mémoire quant à l'organisation des objets dans leur environnement. L’enfant ressent le besoin de maintenir ou de restituer son environnement le cas échéant. La permanence et la stabilité de celui ci fait l’objet de vérifications incessantes ; ils sont très sensibles aux changements et, ainsi, des modifications mêmes minimes du milieu peuvent entraîner des crises intenses d’angoisse et de rage.


  • Des stéréotypies gestuelles : Il peut s’agir de mouvements de balancement du tronc, de gestes stéréotypés de grattage, de mouvements des mains, des bras ou encore des rotations de l’enfant autour de lui même.


  • Des troubles du langage : ces enfants présentent soit un mutisme soit un retard dans l’acquisition du langage qui, même lorsqu’il se développe, ne présente aucune valeur communicative. Lorsque l’enfant possède un langage, celui ci est particulier et révèle un certain nombre d’anomalies caractéristiques :

_ Le renversement pronominal : le mot « je » est absent (souvent jusqu’à la sixième ou septième année). L’enfant emploie la deuxième et la troisième personne pour parler de lui (tu, vous, il, elle).


_ La répétition écholalique différée : répétition avec la même intonation et quasiment littéralement d’une phrase, d’une expression ou d’un segment de phrase hors de son contexte et sans raison apparente.

En 1946, dans un article intitulé « irrelevant and methaphorical langage in early infantil autism », Kanner souligne que ces phénomènes d’écholalie différée peuvent donner au langage un aspect incohérent et dépourvu de sens mais précise que le sens de ces écholalies peut être compris si l’on peut retrouver la situation concrète vécue par l’enfant dans laquelle la phrase a été entendue pour la première fois. Il s’agit selon lui d’une substitution métaphorique dont le sens est personnel à l’enfant, non communicable à autrui et lié directement à une expérience vécue antérieurement.


_ L’affirmation par répétition : l’acquiescement est indiqué par la répétition de la question posée.


_ Le transfert de signification par analogie, par généralisation (le tout pour une partie) ou par la restriction (une partie pour le tout).


_ La littéralité (ex : pour l’enfant « en haut » signifie « en bas »).



  • L’intelligence : Kanner insiste sur le fait que ces enfants possèdent une remarquable mémoire et ont, à en juger leur aspect extérieur un faciès intelligent et une apparence physique normale. Cette observation est validée par le fait qu’ils possèdent de bonnes capacités cognitives dont témoigne le maniement des objets ; ils possèdent également des aptitudes particulières dans certains domaines (facilités aux épreuves d’encastrement, capacités d’ordination des objets ou des formes en grandeurs décroissantes…), ce qui distingue l’autisme de toutes les autres formes d’arriérations mentales avec lesquelles il était jusqu’alors confondu.



En 1956, Kanner et Eisenberg reviennent sur la position initiale de 1943 et déterminent les symptômes essentiels du diagnostic d’autisme à savoir l’isolement intense (aloneness) et le besoin de maintenir l’immuabilité de l’environnement (sameness).

Ils reviennent également sur le caractère inné du symptôme tel que l’avait suggéré Kanner et notent ainsi que le syndrome peut se dévoiler, après un développement apparemment normal, dans la première ou la seconde année de la vie.


2. La tétrade classique de Rutter

C’est dans ce cadre qu’en Angleterre Rutter (1967, 1968, 1972, 1978) propose une organisation des symptômes autour d’une tétrade classique, conservant les deux symptômes considérés fondamentaux par Kanner et Eisenberg en 1956 (besoin d’immuabilité et isolement autistique) et ajoutant à cela la présence d’un retard et de distorsions de la communication verbale et non verbale:

  • L’isolement autistique (« aloneness ») : l’enfant présente une incapacité à établir des relations sociales ou affectives, ne réagit pas aux sollicitations de son entourage, n’éprouve aucun comportement d’attachement ou d’intérêt pour quiconque.

A la naissance l’enfant ne présente aucune attitude anticipatoire et n’ajuste pas sa posture aux bras de sa mère, il ne sourit pas, évite le regard, et n’émet aucune manifestation d’appels.

L’enfant ne montre pas d’attachement et ne semble pas faire la différence entre ses parents et d’autres adultes étrangers.

Il se comporte comme s’il était seul, comme si les autres n’existaient pas.

Il présente également une inaptitude à jouer en groupe et à développer des liens d’amitié.


  • Les troubles de la communication verbale et non verbale


  • Besoin d’immuabilité : Rutter note à cet encontre cinq points essentiels :

1. Ils éprouvent le besoin d’immuabilité à savoir que la moindre modification de l’environnement peut déclencher une crise de rage

2. Leurs jeux ont tendance à être mécaniques, répétitifs, dépourvus de toute imagination ou créativité

3. Ils sont souvent attachés à un objet et ne le quittent jamais. Les objets ne sont pas utilisés pour leur valeur symbolique et l’enfant les détourne de leur fonction habituelle.

4. Parmi les autistes qui ont une expression verbale, certains ont des préoccupations inhabituelles qu’ils répètent en dehors de toute autre activité.

Rutter note que certains enfants possèdent des capacités de calcul mental remarquables quant à la rapidité et que ces capacités semblent se développer de l’âge de 4 ans pour atteindre leur apogée à l’âge de 7 ans.

5. Les autistes ont des mouvements stéréotypés qui peuvent s’associer pour réaliser une séquence de gestes compliqués.



Bibliographie



-Autisme du jeune enfant, développement psychologique et régulation de l’activité, Adrien J.L., expression scientifique française, 1996


-Autisme et psychoses de l’enfant, Tustin F., Edition le seuil, Paris, 1972


-Autisme infantile, faits et modèles, Marion Leboyer, PUF, 1985


-Biologie des syndromes de l’autisme, Coleman M.,Gilberg C., Edisem M., 1986


-De la pédiatrie à la psychanalyse, Winnicott D. W., petite bibliothèque, Payot, Paris, 1983


-L’autisme de l’enfant, Lelord G., Sauvage G., édition Masson, 1991


-L’autisme infantile, Ferrari P., Que sais je? , PUF, 1999


-L’autisme infantile, introduction à une clinique relationnelle selon Kanner, Paris, PUF, le fil rouge, 1983


-L’enfant autiste, le bébé et la sémiotique, Delion P., le fil rouge, PUF, 2000


-La forteresse vide, Bettelheim B., Gallimard, 1967


-La psychanalyse des enfants, Klein M., PUF, Paris, 1976


-Les états autistiques chez l’enfant, le seuil, Paris, 1986


-Manuel de psychiatrie de l’enfant, Ajuriaguerra J. de, 2ème édition, Masson, 1982


-Manuel de psychopathologie psychanalytique (enfant et adulte), PUG, 2001


-Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4ème édition, texte révisé, Washington DC, 2000


-Neuropsychologie de l’autisme, Garreau B., psychologie française, 1998


-Nouveaux regards sur l’autisme, Bert C.L. ,Sciences humaines n°83, Auxerre, 1998


-Psychiatrie, Julien Daniel Guelfi, Boyer F., Consoli S., Olivier, PUF,paris 2002


-Psychopathologie de l’enfant, Ajuriaguerra J. de, Marcelli D.,Masson, Paris, 1982


-Psychose et autisme de l’enfant, Villard de R., Masson, Paris 1984


-Psychoses infantiles, Mahler M., Payot, Paris, 1973

-Psychothérapies de l’enfant et de l’adolescent, Anzieu D., Diatktine R., Fonagy P.,Freud A., Golse B., Jeammet P., Klein M., Meltzer D., Segal H., Lebovici S., Stern D., Winnicott D.W., sous le direction de Geissmann C., Houzel D. , Bayard compact, 2003

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