Séminaire de recherche de psychologie clinique
LA MATERNITE IMPOSSIBLE :
OBSTACLE A LA FEMINITE ?
Mémoire de maîtrise
Université René Descartes – Institut de psychologie
Année universitaire 2000-2001
SOMMAIRE
I. Introduction
*II. Développement de la petite fille
*A. L’Originaire en héritage
B. L’attachement à la mère
C. L'envie du pénis
III. Le désir d'enfant
*A. Le devenir femme
B. Le désir d'enfant à l'âge adulte
C. Le bébé imaginaire
IV. La stérilité
*A. Parcours
B. L’enfant impossible
C. Le Vouloir-Mère
V. Problématique et hypothèses
*VI. Méthodologie
*A. Critères d’exclusion, d’inclusion ; Recrutement
B. Difficultés rencontrées
C. Méthode
VII. Analyses
*A. Odile
*1. Anamnèse
2. Remarques générales
3. Analyse
B. Céline *
1. Anamnèse
2. Remarques générales
3. Analyse
C. Anne *
1. Anamnèse
2. Remarques générales
3. Analyse
VIII. Synthèse – Discussion *
IX. Conclusion
*BIBLIOGRAPHIE
Dans certaines populations africaines, comme chez les Nuer soudanais qui sont patrilinéaires, la femme stérile est considérée et compte comme un homme de son lignage d’origine. Elle peut alors épouser légalement une jeune fille à qui elle choisira un homme pour engendrer des enfants. Cependant, cet homme ne sera qu’un serviteur et les enfants nés de cette union seront ceux de la femme stérile qu’ils appelleront ‘père’. De même son épouse l’appelle ‘mon mari’. La femme-époux remplit les mêmes tâches qu’un homme et peut transmettre son nom et ses biens.
Ici, maternité et féminité sont indissociables et il est impossible d’être femme sans être mère. Cette préoccupation de se définir en tant que femme n’est certes pas l’unique motif de la tradition des Nuer puisqu’il s’agit aussi de perpétuer un lignage. Cet exemple nous montre cependant que l’absence de maternité confronte la femme touchée et le groupe social auquel elle appartient à prendre en charge ce qui est parfois considéré comme une malédiction.
Dans les sociétés industrialisées, les techniques de procréations médicalement assistées offrent aux femmes stériles la possibilité d’être mère, même si toutes n’y font pas appel. Nous nous intéresserons dans cette recherche aux motivations de celles qui refusent la fatalité de leur stérilité.
La motivation première semble évidente : c’est le désir d’enfant. En effet, certaines témoignent de leur volonté de faire un enfant quel qu’en soit le prix physique ou psychologique à payer. Mais c’est cette volonté qui se montre sous les traits d’un besoin presque vital qui m’a amené à m’interroger sur ce qui la déterminait. Les origines du désir d’enfant chez la femme sont multiples, j’ai alors essayé de définir sa place et son rôle dans le développement de la fillette.
Quel rapport entretient la féminité avec la maternité ? Cette question est donc au cœur de ma problématique générale.
Je serais alors amené à décrire l’importance et la complexité du lien à la mère, pendant la petite enfance mais aussi à l’adolescence. Nous verrons alors en quoi la féminité s’acquiert ‘contre’ la mère et que la maternité en tant que trait spécifique de la féminité donne parfois l’illusion de pouvoir rembourser une dette de vie pourtant insolvable. Ainsi, il deviendra plus aisé de comprendre ce qui se joue pour la femme confrontée à sa stérilité et quelles angoisses seront ainsi suscitées.
Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien
Tu es la ressemblance.
Paul Eluard – Facile
Nous avons délibérément refuser de définir la féminité dans cette recherche car la notion improbable d’essence féminine nous aurait amené à nier la singularité des histoires et des désirs. Privilégiant le point de vue du processus, nous avons tenté de montrer que ‘On ne naît pas femme, on le devient’ . A travers le cas particulier de la stérilité, nous avons pu appréhender la construction toujours inachevée de l’identité féminine et ses multiples variantes.
En restant attentive à la pluralité et à la spécificité des vécus des femmes stériles, j’ai pu entendre leur souffrance parfois masquée derrière la volonté de faire reconnaître la légitimité de leur désir d’enfant. Elles m’ont permis de comprendre que chaque femme est appelée à se confronter un jour à la maternité, que celle-ci soit désirée ou refusée. Ce n’est que par ce biais qu’elle pourra inventer son propre mode d’être au monde singulier et novateur.
BIBLIOGRAPHIE
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Santiago Delefosse Marie, Fécondation in vitro, Anthropos, Paris, 1995
Silvestre Cathie, ‘La vie en ce jardin’, in Topique n°43, 1989
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