Université Lumière Lyon II

INSTITUT DE PSYCHOLOGIE

MEMOIRE DE D.E.S.S.

de PSYCHOLOGIE et PSYCHOPATHOLOGIE CLINIQUES

2002-2003

Suivi de patient

Nadia ou le manque fondamental

Présenté par :

BORNAND Charlotte

Maître de stage : M. COLOMBIN (Maison d’Enfants à Caractère Sociale)

Tutrice : Mme DEMAREST

Sommaire

Introduction p. 1

1 – Présentation de l’institution p. 2

2 – Présentation des entretiens p. 3

2.1 – Présentation de l’enfant suivie p. 3

2.1 1 – Eléments anamnétiques rapportés dans les réunions d’équipes p. 3

2.1 2 – Contexte, cadre et dispositif des rencontres p. 4

2.2 – Compte-rendu chronologique des rencontres p. 5

2.3 – Commentaires et questionnements p. 16

3 – Développement d’hypothèses théorico-cliniques p. 17

3.1 – Une insécurité fondamentale p. 17

3.1.1 – Un enfant au carrefour des traumatismes p. 17

3.1.2 – La recherche d’une peau commune au risque de la dépression p. 18

3.1.3 – Une lutte motrice anti-dépressive p. 21

3.2 – Fiabilité, adaptation et introduction du manque p. 23

3.3 – Du corps à corps réel au corps à corps médiatisé p. 25

3.3.1 – “ Laisser une trace ” p. 26

3.3.2 – De l’affect brut au comme si : jeu et figuration p. 27

3.4 – Naissance à la vie psychique et émergence d’une autonomie pulsionnelle p. 29

3.4.2 – Les parents à l’épreuve de la toute-puissance, de la dévoration et de l’accouplement p. 29

3.4.3 – Fantasmes originaires, origine d’une possible triangulation p. 32

Conclusion : précarité de l’évolution p. 36

Bibliographie p. 38

Annexes

Introduction

Dans le cadre de ce stage, j’ai été amenée à rencontrer des enfants et adolescents dont les défaillances familiales entraînaient un certain nombre de traits psychopathologiques essentiellement décelables dans le lien à l’autre. Aucun ne m’a laissé indifférente tant était palpable, d’une façon ou d’une autre, la souffrance qu’ils véhiculaient. Une petite fille de trois ans et demi, a plus particulièrement retenu mon attention au cours de ce stage.

Il s’agit pour moi d’une réelle première expérience avec une enfant si jeune et ces rencontres ont comporté pour moi une dimension initiatique d’une grande richesse, malgré les nombreux doutes et malaises inhérents à cette pratique débutante.

J’aimerais interroger, au travers de ce dossier, la façon dont cette petite fille, Nadia, m’a touchée, la manière dont j’ai été saisie par son fond de désespoir qu’elle tentait de contrecarrer par un accrochage forcené à tout adulte qu’elle pouvait rencontrer. Les éléments fantasmatiques qu’elle amenait en entretien, étaient largement sous-tendus par la grossesse de sa mère et par la suspension des droits de visites de celle-ci. Ainsi, nos rencontres dominées par les médiations thérapeutiques du jeu, du dessin et de la pâte à modeler, ont pris progressivement une orientation interrogeant de façon prégnante la différence des sexes, des générations et la constitution de fantasmes originaires.

A partir de ces rencontres, sont nées plusieurs interrogations en lien avec le souci de la faire advenir à davantage de sécurité interne : Quelle action je me proposais d’accomplir avec elle sachant qu’il ne fallait pas que je perde de vue la durée limitée de mon stage ? Comment pouvais-je être en relation vraie avec cet enfant dont les difficultés de séparation étaient au centre de ses angoisses ?

Ainsi, j’aimerais rendre compte de mon cheminement avec elle au travers de la dynamique transféro-contre-transférentielle qui s’est dégagée de ces rencontres en me consacrant dans un premier temps, à faire émerger ce qui chez Nadia, est constitutif de sa détresse et de son insécurité initiale. Qu’en est-il en effet de ses fondements identitaires et narcissiques, de la position dépressive et des modalités anti-dépressives disponibles ?

Une partie sera réservée plus particulièrement à la façon dont le manque dans les rencontres va pouvoir être introduit de façon à ce qu’il ne soit pas vécu comme irréversible, manque qui va pouvoir être expérimenté au travers de l’introduction d’un tiers à la relation et de mon dégagement progressif d’une relation appelant à la symbiose. Je me suis, en effet, rapidement confrontée à la question de savoir comment je pouvais parvenir à amorcer un travail de différenciation afin d’être moins envahie par ce qu’elle pouvait déposer en moi en dehors d’un processus identificatoire normal.

Enfin, j’aimerais dégager ce qui pour moi constitue l’indice d’une évolution, à savoir l’utilisation de jeux à connotation destructive concomitante à la mise à l’épreuve de la fiabilité environnementale. Un dernier temps tentera de restituer la manière dont le positionnement identitaire et identificatoire chaotique des débuts, va pouvoir trouver une voie de dégagement avec l’émergence des questions originaires et les prémisses d’une constitution œdipienne.

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