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UNIVERSITE LUMIERE LYON 2


INSTITUT DE PSYCHOLOGIE




MEMOIRE DE MAITRISE

De PSYCHOPATHOLOGIE et PSYCHOLOGIE CLINIQUE

2002 - 2003




LE JEUNE ET LA RUE

De l’étiologie du passage à l’acte psychopathique chez le jeune de rue à Sao Paulo




Présenté par :

ABDALLA Diana Batoni

N° 9825760

36 rue de la Moselle, 69008, Lyon

          1. 06.07.01.03.31



Directeur de recherche : Mr Chouvier

Sommaire

Introduction………………………………………………………..…1

1/ Cadre théorique……………………………………………………3

1.1 Concepts fondamentaux………………………………………………4

1.2 Hypothèses……………………………………………………………5

2/ Particularités d’une institution sociale brésilienne……..…5

2.1 Lieu de stage : Maison « Arte e Vida »……………………………..…5

2.2 Description et critique du fonctionnement………………………..…...6

3/ Recueil des donnés……………………………………………….…8

3.1 Dispositifs utilisés……………………………………………………..8

3.2 Contact avec les jeunes……………………………………………..…9

3.3 Histoire de Junior…………………………………………………...…11

4/L’abandon répété maintes fois……………………………………15

4.1 Le narcissisme primaire sous alimenté………………………….…….16

4.1.1 Idéalisation / envie de destruction…………….….17

4.1.2 Mégalomanie……………………………………..18

4.2 Violence fondamentale non traitée……………………………………19

4.2.1 Erotisation agressive de la violence………………19

4.3 La culpabilité inconsciente …………………………………………...20

4.3.1 De la genèse des agissements…………………….22

5/le meurtre faisant parti du possible et non de l’interdit……22

5.1 L’accumulation de violences subies…………………………………..22

5.2 L’introjection d’une imago paternelle mégalomane et sadique……….23

5.3 L’identification à l’agresseur……………………………………….…24

6/ La rue, lieu de répétition des souffrances……………………..25

6.1 « La rue est l’opposé de l’habitat »……………………………….……25

6.2 La rue, y vivre ou l’habiter ?…………………………………………...27

6.3 La rue, où le temps est anhistorique, propice à la répétition………...…27

Conclusion………………………………………………………………29









[...]la mer, la nuit, la forêt, le vent, l’amour, l’orage, qui viennent, les uns après les autres, apportant leurs colères et leurs violences à la passion meurtrière des hommes, leurs épouvantes aux hommes traqués, ou leurs caresses et leur tendresse aux êtres blessés par la vie. [...] mais la mer, la nuit, l’orage sont, au fond plus que des thèmes, ce sont des personnages, aussi réels, aussi vivants que les bandes d’enfants jouant aux “mauvais garçons” sur le sable doré de Bahia.”1


Introduction

Mon expérience dans les domaines de la psychologie au Brésil - en tant que stagiaire et animatrice de groupe - mais surtout et plus généralement ma citoyenneté brésilienne, m’ont mis en confrontation régulière avec des scènes choquantes, attendrissantes, révoltantes… On pourrait énumérer des adjectifs sans rendre compte des affects mobilisés par la vue du quotidien des « jeunes de rue » de ma ville natale, Sao Paulo.

Les faits divers relatant les horreurs commises et vécues par ces jeunes, mais surtout une approche personnelle directe, m’ont poussée à tenter de comprendre le phénomène, partiellement politico-social, des jeunes « criminels de rue » sous l’angle intra et inter psychique.

Tout d’abord je ferai une brève présentation de la population concernée suivie de celle des outils théoriques que nous emploierons au cours de cette étude. Ensuite, par la description de mon lieu de stage, je m’efforcerai d’apporter les éléments culturels essentiels pour aider le lecteur à situer l'analyse qui suivra dans son contexte social brésilien.


Sao Paulo compte plusieurs dizaines de favelas2, c'est à dire de quartiers très pauvres où le manque d’infrastructures sanitaires et éducatives, le chômage, engendrent des situations familiales dramatiques : alcoolisme, violence, drogue. Issus de ces milieux, de nombreux enfants et adolescents carencés, exploités, brutalisés, parfois violés, cherchent désespérément une échappatoire et presque toujours, ce n'est que la rue qui leur est offerte.

Selon les comptes rendus de « SOS criança »3 (SOS enfant), ces garçons et filles restent en moyenne douze heures par jour dans les rues, soit seuls, soit en bande. Presque tous se plaignent de mauvais traitements de la part de leurs parents, de l’environnement proche, et de la police. Beaucoup ont déjà fait un séjour à la FEBEM4. En général ils disent aimer la liberté offerte par la rue, mais craindre ses périls, surtout celui d’être violé. Dans la majorité des cas ce sont des enfants d’ouvriers, de ramasseurs de ferraille, d’agents de ménage et de détenus.

Il y a au moins deux facteurs principaux poussant ces jeunes personnes à partir, à quitter leur famille ou ce qu’il en reste, pour vivre dans la rue : l’échec matériel, parce qu’en général les familles sont dans la misère, et l’échec libidinal, une fois que ces enfants n’ont pas été accueillis affectivement par les parents. Généralement ces enfants et adolescents sont en rupture avec les parents, la famille, les liens les plus élémentaires. C’est un choc en même temps sidérant et révoltant de voir ces jeunes individus abandonnés, rendus fous à cause d’un vécu extrêmement traumatique. L’horreur vécue par ces enfants nés dans une misère totale les marque au plus profond de leur être, ils restent des survivants de traumatismes que probablement personne ne serait capable de supporter sans dommage psychique majeur.

Dans cette grande population d’enfants et adolescents vivant dans les rues, nous pouvons distinguer au moins deux grandes catégories d’individus, les jeunes de rue qui travaillent, et les jeunes de rue qui ont versé dans l’antisocialité, qui vivent du fruit de délits et de crimes. En effet nous avons là deux catégories bien distinctes en ce qui concerne leur fonctionnement en groupe et les moyens à travers lesquels ils essayent de survivre.

Dans la première catégorie nous avons des jeunes qui font de la rue leur lieu de travail et leur gagne pain au travers d’occupations plus ou moins stables.5 Ces activités les introduisent dans une relation d’échange symbolique, rendant possible une relation avec l’objet désiré qui n’est pas de l’ordre de la violation, l’autre n’est pas envahi ou détruit comme il l’est par les jeunes « criminels de rue ».

Les relations que ces jeunes travailleurs de rue établissent avec les institutions sont significativement distinctes de celles établies par les jeunes de rue antisociaux, qui sont très utilitaires. Ces « jeunes criminels » utilisent souvent les institutions d’accueil pour fuir la police ou fuir des situations de conflit dans leur bande ou entre plusieurs bandes. Les jeunes qui travaillent dans la rue sont beaucoup plus réceptifs aux travaux proposés, ils cherchent à être reconnus par leur travail auprès la société. En institution ils ont beaucoup moins de peine à s’adapter aux règles, et cherchent à donner bonne impression d’eux mêmes.

Nous nous trouvons devant une question singulière qui mérite d’être soulignée : bien que ces « jeunes travailleurs » soient, comme « les jeunes criminels », des personnages du même environnement - la rue - pourquoi s’organisent-ils de manière aussi différente ? Les travailleurs maintiennent des liens avec la communauté, ils ont des rapports moins utilitaires avec les institutions, même s’ils souffrent des mêmes conditions de misère matérielle. Quelque chose a agit dans un sens structurant, protégeant l’individu des facteurs pathogènes de la rue.


Qu’est-ce qui a fait autant défaut ? Qu’est-ce qui a été aussi déstructurant ? Quels pourraient être les facteurs inter et intra psychiques qui mèneraient certains jeunes de rue à des agissements antisociaux de type psychopathique ?

Quelle pourrait être la psychogenèse des agissements psychopathiques chez les jeunes de rue au Brésil ?

Etre né dans la misère totale serait-elle l’unique cause des passages à l’acte violent et meurtrier sans culpabilisation apparente, ou existerait-il d’autres facteurs menant ces jeunes individus vers ces agissements?

Même si une condition politico sociale défavorisée reste intrinsèquement liée à la souffrance de ces jeunes, il apparaît erroné de considérer uniquement le déterminisme sociologique car tous les gens misérables ne deviennent pas psychopathes pour autant. Nous sommes mené à chercher des facteurs sous l’angle intra et inter psychique des jeunes gens qui vivent ces conditions.

Autrement dit quel seraient les mécanismes psychologiques qui mènent ces jeunes à des agissements psychopathiques ?

Bibliographie

OUVRAGES:

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BALINT M. , (1970), Le défaut fondamental, Paris, Payot, 268 pages.

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FREUD S (1923), Totem et tabou, Paris, Puf, 1965, 241pages. ;

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KLEIN M., (1947), Essais de psychanalyse 1921 - 1945, Paris, Payot , 1968, 452 pages.

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OUVRAGES COLLECTIFS :

BLOCH H. et col, (1997), Dictionnaire fondamental de la psychologie in extenso, Paris, Larousse, 1425 pages.

HOUZEL D., et coll, (2000), Dictionnaire de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, Paris, Puf, 832 pages.

LAPLANCHE J. –PONTALIS J.- B. , (1967), Vocabulaire de la Psychanalyse, Paris, Puf Quadrige, 2002, 523 pages.

ARTICLES :

AMBROSI A. et col, (1998). La dynamique du passage à l'acte violent ou le développement psychique entre " violence " et " agressivité ". Annales Médico-Psychologiques, 9, 596-606.

JEAMMET P. , (1994), La violence comme réponse à une menace sur l’identité, revue Filigr@ne, vol. 6, n° 1

PADOVANI C. , (2002), Questões éticas, PSI jornal de psicologia de l’usp (université de São Paulo), n°131, janvier mars 2002.

WEBER L. , (1998), Brésil, un drame à grande échelle, Le journal des psychologues, n°153 décembre 1997, janvier 1998, pages 44 à 47






1 BASTIDE Roger, 1991, préface du roman « A morte e a morte de Quincas Borbas » (la mort et la mort de Quincas Borbas), AMADO Jorge

2 favela : mot portugais voulant dire bidon ville.

3 institution gouvernementale pour les droits des enfants qui travaille en lien avec la FEBEM, et presque toutes les organisations, gouvernementales ou non, travaillant avec le public des jeunes de rue.

4 FEBEM : Fundaçao Educacao do Bem Estar dos Menores, Fondation de l’éducation et du bien être des mineurs, maison de correction dirigé par le gouvernement brésilien.

5 Ils « gardent » des voitures garées, ou lavent celles qui s’arrêtent au feu rouge, ils polissent les chaussures des passants, ils vendent des bonbons ou des cacahuètes, de l’artisanat mal fini, des fruits de saison, ou bien ils ramassent du papier ou des cannettes pour les usines de recyclage.

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