Université de Bretagne Occidentale

Faculté des Lettres et Sciences Sociales

Département de psychologie

20, rue Duquesne, BP 814,

29285 BREST Cedex




Mémoire de D.E.S.S. de psychologie clinique et pathologique :



 UNE CLINIQUE DE L’INCESTE,

ENTRE TRAUMATISME ET FANTASME 




Directeur de recherche : Abdelhadi ELFAKIR,

Maître de Conférences de Psychologie clinique et pathologique.


Assesseur : Michèle BOMPARD-PORTE,

Professeur en Psychologie Clinique et Pathologique.



Par Patrick CHEVRIER,

Septembre, 2003.


“Il y a des choses qu’il est préférable de ne pas entendre lorsqu’on n’est pas capable de les entendre.”

(“Alcibiade”).



SOMMAIRE :


INTRODUCTION : p. 6


PREMIERE PARTIE : « DU TRAUMATISME AU FANTASME »

(Approche théorique)


CHAPITRE PREMIER : « Évolution de l’œuvre freudienne : de la théorie de la séduction à la découverte du fantasme » : p. 10

1) Le parcours freudien : p. 11

2) La théorie de la séduction : p. 12

3) Abandon de la neurotica ? p. 15

4) Une grammaire du fantasme : « Un enfant est battu » : p. 21

5) Fantasme ou traumatisme : p. 23

6) Définition du fantasme et séquence de « l’homme aux loups » : p. 25

7) Fantasme et question du père : p. 26

8) Les post-freudiens : p. 28


CHAPITRE II) « L’abus sexuel, traumatisme réel subi par le patient » : p. 30

1) La position originale de Ferenczi : p. 31

a) L’importance primordiale du traumatisme infantile : p. 31

b) Le phénomène traumatique : p. 32

2) La conception d’Alice Miller sur les abus sexuels : p. 33

a) L’apport théorique d’Alice Miller : p. 33

b) Position adoptée par Alice Miller dans l’analyse : p. 36

3) La théorie de la séduction aujourd’hui : p. 39

a) Un retour à la théorie traumatique : p. 39

b) Une révision : p. 41

SECONDE PARTIE : « PSYCHANALYSE ET CLINIQUE DE L’INCESTE »

(Approche clinique) p. 44


CHAPITRE PREMIER : « L’inceste dans la psychanalyse » : p. 45

1) Définitions de l’inceste : p. 46

2) L’interdit de l’inceste : p. 47

3) D’un retour au traumatique ?… : p. 48

4) … À une écoute du transfert : p. 48


CHAPITRE II) « Méthodologie » : p. 49

1) L’entretien clinique de recherche : p. 49

2) Le cadre théorique de la pratique : p. 51


CHAPITRE III) « L’inceste dans la clinique »

1) Présentation de stage : p. 52

2) Illustration clinique : p. 54

3) Articulation de la clinique à la théorie : p. 72

a) Un détour par l’hystérie : p. 72

b) Une articulation possible : p. 73



POUR NE PAS CONCLURE : p. 79



REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES : p. 83



ANNEXE : p. 87


INTRODUCTION




Dans ma pratique, j’ai toujours conservé en tête la notion de construction fantasmatique qu’offrait à mon écoute les personnes que je rencontrais dans le cadre d’une relation clinique. Mon objectif est de laisser l’autre, à travers ses dires, prendre la place qu’il désire. Soit prendre de la distance avec les faits pour mieux me concentrer sur le vécu de la personne, autrement dit ce qu’elle a à en dire en tant que sujet. Je considère que les événements relatés par la personne sont secondaires, seul m’intéresse ce qu’ils ont à en dire, et la position qu’ils occupent par rapport à ceux-là. J’essaie non pas de me fixer sur les faits, mais sur les affects qui se cachent derrière ceux-ci. Telle est la place, sûrement restrictive, du psychologue que je souhaite devenir.

C’est avec ce même état d’esprit que je commençais en décembre dernier mon stage de D.E.S.S. de psychologie clinique et pathologique. Parce que c’est chez moi une question récurrente, je souhaite traiter de cette difficulté à laquelle nous sommes tous confrontés à l’écoute de la souffrance d’autrui. C’est-à-dire comment écouter ? Que faut-il écouter ? Le risque est de prendre au pied de la lettre ce que dit le patient, là où il n’y a que fantasme. De même ne passe-t-on pas à côté de la souffrance en ne lui accordant aucune réalité matérielle, en particulier lorsque le patient parle de traumatisme sexuel ? Ces questions appellent sans doute des réponses évidentes dont, vous vous doutez bien, j’ai ma petite idée. Seulement, il me semble important pour moi d’y faire retour au cours de ce travail. C’est un peu comme si je révisais mes gammes pour jouer des partitions plus complexes !

D’autant que mes interrogations ont trouvé écho lors de mes premiers jours de stage. Lors d’un groupe de parole, trois femmes allaient à tour de rôle évoquait pour la première fois des abus sexuels dont elles furent victimes dans l’enfance. Ces révélations sont intervenues pendant une séance particulièrement chargée émotionnellement. Cette situation m’intriguait, en même temps que je fus touché par ces témoignages. Mes questionnements prirent de plus belle le devant de la scène.

Pour faire le point sur cette question de départ de comment distinguer le fantasme de la réalité, nous allons en passer par la psychanalyse. En tant que méthode de traitement des désordres psychiques, celle-ci accède au vécu intime de l’individu. Elle peut alors se trouver confrontée à un vécu traumatique. Du traumatisme, ou trauma, J. Laplanche et J.B. Pontalis donnent la définition suivante dans leur Vocabulaire de la Psychanalyse : « Événement de la vie du sujet qui se définit par son intensité, l’incapacité où se trouve le sujet d’y répondre adéquatement, le bouleversement et les effets pathogènes durables qu’il provoque dans l’organisation psychique »1.

C’est par l’investigation analytique que s’effectue l’accès à cet événement souvent lointain de la vie du sujet. Face à un tel événement, la psychanalyse s’interroge : s’agit-il d’un trauma réel ou d’une production fantasmatique ? s’agit-il d’une séduction ou d’une invention ?

Il convient de définir le terme de « séduction ». Pierre Sabourin, dans sa préface à Psychanalyse IV de Sandor Ferenczi, distingue les sens allemands et français : « Pour ces auteurs de langue allemande Freud, Fliess, Ferenczi, c’est toujours le sens étymologique, donc le sens actif du mot « Verführung » qui est utilisé, soit : séduction comme dévoiement, détournement, en l’occurrence détournement du désir de l’enfant par l’adulte, et non pas séduction prise au sens passif, comme c’est le cas en français… » (1982, p. 13). Mais Le Petit Robert donne aussi ce sens actif : « Lat. seducere, « séparer »… Détourner (quelqu’un) du bien, du droit chemin » (2002, p. 2394). L’idée d’emprise est donc présente dans le terme même. La « séduction » renvoie à un acte de violence, elle implique un détournement de toutes les vérités, la passion des apparences.

Ce concept a donné naissance à la théorie de la séduction. C’est cette théorie que nous allons maintenant étudier à partir des travaux de Freud qui en fut l’auteur, Klein, puis chez Ferenczi et Miller, et enfin, telle qu’elle est révisée aujourd’hui.

Après ce détour par la théorie, nous en tenterons l’illustration avec Mme M., qui fut l’une des trois patientes dont je parlais plus haut. Au préalable, rapidement seront présentés le stage, la méthodologie étudiée et le cadre théorique qui situent ma pratique. Nous conclurons le cas par une discussion. Que votre lecture soit aussi bonne que le plaisir que j’ai eu à la rédaction de ce travail !

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES


OUVRAGES :



ANDRE S., Que veut une femme?, Paris, Navarin, 1982.


BALMARY, L’homme aux statues : Freud et la faute cachée du père, Paris, Grasset, 1979.


BARROIS C., Les névroses traumatiques, Paris, Dunod, 1982.


DALIGAND L., GONIN D., Violence et victimes, Lyon, Méditions, 1993.


FERENCZI S., « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » in Psychanalyse IV, Œuvres complètes, Tome IV : 1927-1933, trad. par l’équipe du Coq Héron, Paris, Payot, 1982, p. 113-124.


FREUD S., La naissance de la psychanalyse (1887-1902), trad. par A. Berman, Paris, PUF, 1956.


FREUD S., « Esquisse d’une psychologie scientifique » (1895), trad. par A. Berman, in La naissance de la psychanalyse ; lettres à W. Fliess ; notes et plan, Paris, PUF, 1956, p. 307-396.


FREUD S. et BREUER J., Études sur l’hystérie (1895), trad. par A. Berman, Paris, PUF, 1956.


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FREUD S., Trois essais sur la théorie sexuelle infantile (1905), trad. par Ph. Koeppel, Paris, Gallimard, 1987.


FREUD S., “Caractère et érotisme anal” (1908), trad. par D. Berger, P. Bruno, D. Guérineau, F. Oppenot, in Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973, pp. 143-149.


FREUD S., « Cas du petit Hans » (1909), trad. par M. Bonaparte, in Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1954, pp. 93-199.


FREUD S.,  Introduction à la psychanalyse, (1916-1917), Paris, Payot, 1975.


FREUD S., Deuil et mélancolie, (1917), Paris, Gallimard, 1968.


FREUD S., “Extrait de l’histoire d’une névrose infantile (l’homme aux loups)” (1918), trad. par M. Bonaparte, in Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1954, pp. 325-420.


FREUD S., “Un enfant est battu ; contribution à la connaissance de la genèse des perversions sexuelles” (1919), trad. par D. Guérineau, in Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973, pp. 219-245.


FREUD S., Nouvelles conférences sur la psychanalyse, trad. fr., Paris, NRF, 1932.


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GORTAIS J., Le viol : du déni d’altérité à l’exil du désir, pp. 91-111, in Dayan M., dir., Trauma et devenir psychique, Paris, PUF, 1995.


ISRAEL L., L’hystérique, le sexe et le médecin, Paris, Masson, 1983.


LAVIE J.-C., L’amour est un crime parfait, 1997, Paris, Gallimard.


LAPLANCHE J., Nouveaux fondements pour la psychanalyse, Paris, PUF, 1987.


LAPLANCHE J. et PONTALIS J.-B., Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, PUF, 1973.


MASSON J., Le réel escamoté, Paris, Aubier, 1984.


MILLER A., C’est pour ton bien, Aubier, Paris, 1984.


MILLER A., L’enfant sous terreur, Paris, Aubier, 1986.


NASIO J.-D., Le livre de la douleur et de l’amour, Paris, éd. Payot, 1996.


RACAMIER P.-C., Le génie des origines, psychanalyse et psychoses, Paris, Payot, 1992.


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WINNICOTT D.-W., La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques, Paris, Gallimard, 2000.


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OUVRAGES COLLECTIFS :


BROUSSE M.-H., 1997, L’activité sportive à la lumière de la psychanalyse, pp. 11-40, in M.-H. Brousse, F. Labridy, A. Terrisse, M.-J. Sauret, Sport, psychanalyse et sciences, Paris, PUF, 1997.


HYSTERIE ET OBSESSION : les structures cliniques de la névrose et la direction de la cure (Collectif de la fondation du champ freudien), Recueil des rapports de la Quatrième Rencontre internationale, Paris, Navarin, 1986.


ISAACS S., “Nature et fonction du phantasme”, chap. III, in Développement de la psychanalyse, Paris, PUF, 1966, pp. 64-115.


Dictionnaire Le nouveau Petit Robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, 2002, Paris, Le Robert Seuil.



REVUES :


LACAN J., “Pour une Logique du fantasme” (1968), in Scilicet, 1970, n°2/3, pp. 223-274.


SILVESTRE M., “Le père, sa fonction dans la psychanalyse”, in Ornicar?, Revue du Champ freudien, n°34, juillet-septembre, 1985, pp. 14-40.

1 Laplanche J. et Pontalis J.-B., Vocabulaire de la psychanalyse, 1967, Paris, PUF, p. 499

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