Intervention pour la demi-journée d’étude régionale
« Culture et lien social » du 23 janvier
2003 FNARS.
De soi à l’autre ; l’objet culturel.
Hélène KRESS, Psychologue Clinicienne.
ARGUMENT
Accueillir, au sens plein du
terme, des personnes diverses, des problématiques changeantes : c’est le
défi quotidien des centres d’hébergement. Des accueils médiatisés, des groupes
d’expression et des ateliers divers voient le jour dans la plupart des
structures.
Au niveau conscient le
travail de mise en représentation permet une reconnaissance et une
revalorisation de soi ; aide à la communication.
Au niveau inconscient, dans
ces nouveaux cadres, si nous laissons au médiateur la place maîtresse qui lui
revient, peuvent se déployer des processus spécifiques :
Le processus créatif permet de rejouer son
rapport au monde, depuis les prémisses de
soi et de
l’autre.
Dans l’espace culturel,
héritier de l’espace transitionnel (au
sens Winnicottien), se déploient les
mécanismes d’intégration et de transformation indispensables à la maturation de
la psyché.
INTRODUCTION
Je souhaite tout d'abord
remercier le comité Culture de la Fnars de m'avoir invitée aujourd'hui et de me
donner ainsi l'occasion de mettre en forme les conceptions qui sous-tendent et
légitiment une pratique qui me tient à cœur; une pratique relevant de la
dimension artistique et culturelle dans les champs du travail social et
thérapeutique.
Je participe de ces deux
mondes professionnels depuis quelques temps déjà et au-delà des points de vue
éducatifs, sociaux et cliniques, des rencontres singulières m'ont permis de me
familiariser avec le monde de la création et m'autorisent aujourd'hui à rendre
compte de ces processus spécifiques..
A travers l’hébergement c’est
toujours un travail d’accompagnement dans un temps du parcours de vie : un
accompagnement social, éducatif, et aussi parfois thérapeutique…
Nos publics sont issus
d’horizons divers, de problématiques variées, de structurations psychiques
multiples…
Et tous nous nous demandons
un jour comment, par un dispositif suffisamment fixe pour être fiable, nous
pouvons accueillir, au sens plein du terme, des personnes si diverses ?
De plus en plus de groupes
d'activités voient le jour.
Proposer des temps
d’activités reliés peu ou prou au champ
culturel, c’est proposer un cadre hors nos pratiques sociales, éducatives ou
thérapeutiques traditionnelles ; Un cadre où nous nous engageons à travers
les médiateurs dans cet espace intermédiaire qui nous transporte du plus
intime au plus universel.
Nos métiers, nos pratiques,
aussi nécessaires soient-elles, requièrent ponctuellement de se justifier sur
un fond théorique et après la belle présentation de la pensée de Bourdieu
notamment, par Jean Marie Calydon je tenterai de vous apporter quelques
éléments de référence à la
métapsychologie freudienne, notamment par des concepts de Winnicott, Anzieu et
Piera Aulagnier.
Toutes sciences –fût-elle
humaine- relèvent de deux mouvements : l'induction et la déduction qui par les
allers – retours de la pensée entre pratique et théorie qu'elles imposent nous
permettent d'affiner notre jugement des réalités que nous rencontrons
quotidiennement.
Je vous propose donc deux
parties et, conformément à ma propre démarche, la
pratique précèdera la théorie.
CONCLUSION
Après bien des
questionnements, parfois envieux, des psy vers les artistes, quand de nos jours
les psychanalystes se mêlent d'art c'est soit pour se risquer eux-même à leur
propre saisissement créatif soit pour témoigner, accompagner et reconnaître le
processus créatif comme étant en lui même un cadre de mise en transformation de
soi.
Faire une psychanalyse, une
psychothérapie, du yoga, du modelage, de la peinture, de la musique, de la
recherche scientifique… (les métiers sont parfois
vécus comme des arts) ça peut-être – ou non- l'occasion d'un travail créatif de
soi et/ou d'une œuvre.
Ce qui est nécessaire c'est
ce passage par un état non-intégré, cet espace potentiel, dont le Moi rapporte
un élément à la conscience et permet le travail du préconscient de liens et de
mise en forme.
Faire quelques-une de ces
choses, c'est non seulement laisser advenir et expulser des éléments encombrant
ou gênants ( d'où l'inquiétante étrangeté ressentie
devant de nombreuses ouvres), c'est aussi mettre en transformation, en
élaboration, cette première production.
L'être humain passe sa
croissance ( sa vie pour certains) à affiner, à
moduler, à préciser, les messages émis ; afin de parvenir à quelque peu de
satisfaction, de reconnaissance et d'estime.
Créer c'est sans doute pour
un temps retrouver quelque toute puissance et la perdre à nouveau, y renoncer
et participer de processus secondaire (transmission de savoir et de techniques)
dans le temps même de l'élaboration de l'œuvre par la résistance ou la fluidité
de la matière "Ce réel là", l'emprunte que je peux y faire; y
imprimer moi et plus que moi, mes affectes: triste, heureux, coléreux…
L'art c'est donc aussi ce qui
nous relie à l'ici et maintenant, à nos technique à nos
culture, et à la transmission culturelle de tout cela.
On ne crée pas à partir de
rien nous dit Winnicott, mais bien à partir de ce qui a été trouvé jadis.
J'espère vous avoir
sensibilisé ou confirmé, au fait que l'objet d'art, l'objet culturel, nous
mettent en relation à l'autre dans la
mesure où ils nous mettent en relation à nous même de façon authentique… de notre plus intime au plus universel.
Références
bibliographiques :
Didier ANZIEU. Créer
Détruire, Liège, Gallimard, 1996.
Le corps de
l’œuvre, connaissance de l’inconscient, Gallimard, 1986.
W.R. BION. Transformations.
Bibliothèque de Psychanalyse,
Jean GUILLAUMIN. Psyché :
études psychanalytiques sur la réalité psychique, Paris, P.U.F.
Gisela PANKOV. L’être-là du schizophrène. Aubier
Montaigne, 1987.
D.W. WINNICOTT. Jeu et réalité., Paris,
Gallimard, 1975.
Conversations
ordinaires, Paris, Gallimard, 1988.
Piera AULAGNIER. Un
interprète en quête de sens. Petite Bibliothèque Payot, 1991.
Hélène KRESS, Psychologue Clinicienne.
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